l'IEF une fin en soi?






De plus en plus souvent (trop?), je lis sur la toile des témoignages et des interrogations sur l'instruction en famille. Des parents se demandent s'ils ne vont pas rescolariser leur enfant car ils s'épuisent, n'y arrivent pas. Soit l'enfant soit le parent soit les deux ne s'épanouissent plus. Interrogation saine me direz-vous? Absolument.

Ce qui me gêne ce sont les réponses...car alors c'est trop souvent un déferlement de:
"non, tiens bon", pourquoi?
"il ne faut lâcher, l'école à la maison, c'est que du positif", oui, ben là tout de suite et depuis 6 mois, je ne le vois pas le positif, moi
" le bien de ton enfant, c'est ça qui doit compter, donc tiens bon", pourquoi? les enfants scolarisés sont tous malheureux?
"l'enfant avant tout!" et le parent? Il n'a pas le droit à son comptant de sérénité?
"pourquoi t'essaie pas d'autres méthodes? Il faut que tu passes au unschooling, c'est plus cool plus fun"...soupirs...
"ton enfant ne veut plus rien faire? Prenez des vacances ! avec la tv et la tablette il apprend aussi bcp"...soupirs...gros gros soupirs...
" et puis au collège, il va être en souffrance. C'est très violent le collège. Les profs sont nuls. Les enfants sont durs. Harcèlement, phobie scolaire etc..." euh...généralisation outrancière, non?

Cet acharnement à vouloir convaincre que l'instruction en famille est LA solution miracle, la panacée m'agace. C'est une aventure formidable, indéniablement! Mais cela ne devrait pas devenir un dogme comme c'est le cas aujourd'hui! L'instruction en famille ne devrait pas être une fin en soi et pour tout le monde!
  Quand je vois des parents qui se demandent s'il est possible de concilier un job à l'extérieur au minimum à mi-temps et instruction en famille avec un enfant de primaire et qu'on leur conseille de se lancer, je trouve cela totalement irresponsable!
  Quand je lis des parents qui demandant quelle solution pour se lancer en instruction en famille "parce que ça les tente" mais ne se sentant ni capable d'enseigner ni de dépenser une fortune en cours par correspondance (ou préceptorat) et qu'on leur conseille d'y aller, je trouve cela totalement irresponsable! Si tu ne peux pas enseigner ni payer, tu laisses tes enfants à l'école
  Quand des mamans se retrouvent au bord du burn-out et qu'on leur dit de poursuivre pour le bien de l'enfant...je frémis! Où est le bien de l'enfant si la maman est au bord de l'épuisement?? Les parents sereins font des enfants sereins. La sérénité du parent instructeur est un préalable à l'instruction en famille, un préalable au bien de l'enfant, un préalable à la bienveillance.
  Quand je lis que l'instruction en famille est plus économique qu'une maman au travail et ses enfants à l'école...c'est faire fi de nombreux critères! C'est aller un peu vite en besogne! Tout dépend du job de la maman, du salaire, du nombre d'enfants, du lieu de vie, trajets ou pas trajets, des horaires de travail, des activités des enfants instruits à la maison, des investissements en matériels et livres que l'on fait dans sa classe-maison, du salaire du parent qui travaille quand l'autre est à la maison, vacances ou pas vacances, études supérieures des enfants, permis de conduire des aînés etc...Non l'instruction en famille n'est pas forcément plus économique ! Et parfois il devient nécessaire d'avoir deux salaires.
  Quand je lis des parents qui sous-entendent qu'une maman qui n'est pas à la maison est égoïste et qu'elle ne cherche pas le bien de son enfant, cela me met hors de moi! D'ailleurs je connais de nombreux adultes qui déplorent aujourd'hui que leur mère n'ait pas travaillé quand ils étaient enfants...eh oui, les situations ne sont pas binaires!

L'instruction en famille n'est pas une solution magique! Elle ne convient pas à toutes les familles ni à tous les enfants. Elle ne répondra pas aux besoins de tous les âges et de tous les profils. L'instruction en famille n'est pas une secte avec des adeptes qui recrutent toujours plus de monde par dogmatisme.
Opposer de manière outrancière l'instruction en famille-qui-serait-formidable et la scolarisation-qui-n'est-pas-bienveillante est stupide et totalement irrespectueux des parents qui font un choix autre que l'instruction en famille et irrespectueux de leurs enfants. Il n'y a pas les parents formidables d'un côté et les bourreaux d'enfants de l'autre!
Les parents qui s'interrogent, attendent de nous de la réflexion, des arguments sensés, une écoute et une prise en compte de leur vie propre et de celles de leurs enfants. Il ne s'agit pas de chercher, tels des témoins de Jéhovah, à les convaincre de l'extrême nécessité de passer l' instruction en famille pour les sauver. 
Il s'agit de les conseiller au mieux, en vérité,  en fonction de leur situation! Et leur situation peut nous amener à leur conseiller l'école, un cours par correspondance ou l'instruction en famille. Et ce n'est pas parce que nous avons choisi l'instruction en famille qu'il faudrait vivre comme un échec de conseiller autre chose à une famille.

L'instruction en famille ne devrait jamais être une fin en soi. C'cst un choix de vie pour un temps donné long ou court. Il devrait d'ailleurs être interrogé chaque année avec objectivité et en tenant compte de tous les membres de la famille: on continue ou pas? Pourquoi?
Et si l'on ne parvient pas à faire cette remise en question régulièrement, parce qu'on a par exemple peur de la réponse des enfants ou du conjoint, alors il faut sans doute faire un petit travail sur soi...

Commentaires

cindy a dit…
je ne peux qu'accepter , je le répète assez souvent l'IEF n'est pas fait pour tout le monde et c'est loin,très loin du pays des bisounours .
Même nous au bout de 4 ans , c'est parfois compliqué .

Il y a un phénomène de mode entre IEF et écoles hors-contrat , et tout le monde "veut" ce truc à la mode , s'en vraiment savoir ce que c'est .
Enid a dit…
Nous discutions ce midi avec une copine sur le fait que pour elle, l'ief n'est pas concevable parce qu'elle n'en ressent aucune envie, aucune compétence, et que ce dont elle a besoin, c'est de travailler une partie du jour, et d'avoir une structure accueillante pour son enfant. Nous regrettions donc le bémol culinaire de l'école qui reçoit aujourd'hui son fils (intolérance au lactose -> rhinite et sphère orl perturbée -> repas à la crème, en sauce, dessert lacté, etc... non pris en compte). C'est à peu près tout, puisque c'est cette toute petite école de campagne que ma fille a fréquenté deux mois à 4 ans.
Nous disions que moi, j'avais l'ief chevillé à mes entrailles. J'ai envie, j'ai besoin, et je m'épanouis en pleine conscience de cette responsabilité. Dans le cas contraire, j'ai les plans B et C, deux écoles différentes toutes proches, voir le plan D comme déménagement pour trouver une école Steiner.
Nous constations aussi que mon enfant ne pourrait pas aujourd'hui être suffisamment nourrie intellectuellement en classe de maternelle, et souffrirait du manque de mouvement en classe de cp. Pour elle, l'épanouissement est garanti par ce fait de pouvoir apprendre sans contrainte dans l'espace. Dans le cas contraire, ou si son évolution nous amène à préférer une structure scolaire, alors pourquoi non ? (Purée ce serait si simple si une école Steiner ouvrait dans notre forêt ! Elle a tellement besoin d'un professeur qui soit aussi un artiste ! C'est d'ailleurs rigolo comme il y a des enfants Montessori, des enfants Reggio, des enfants unscho, et des enfants Steiner, si chacun pouvait trouver la voie d'apprentissage avec laquelle il a le plus d'affinité !)
Bref, tout ça pour dire que je suis du même avis (étonnant... ah, ben non en fait, héhéhéhé), et que quand une maman écrit un SOS sur Facebook, j'ai juste envie de lui dire de ne pas attendre les prochaines vacances. L'enfant lui aussi n'a qu'une vie, pourquoi attendre ? L'administration est équipée en logiciel informatique, les écoles sont publiques, et il ne faut pas craindre les ouins ouins des directeurs et proviseurs. On a le droit de tenter de remédier à une situation, et de s'apercevoir que non, l'ief n'était pas la bonne solution, quoiqu'en disent les autres familles, quoiqu'en disent les chefs d'établissement.
L'enfant n'est pas roi. L'enfant est un membre de la famille comme les autres. Respect et dignité pour tous, nom d'un crumble cramé !
Anonyme a dit…
Bonjour,
je trouve votre post très intéressant et il résume bien tous les aspects de l'IEF. Par contre, est ce que je peux vous demander pourquoi vous pensez qu'un travail à 1/2 temps n'est pas conciliable avec l'IEF?

merci
Anonyme a dit…
Merci!
Unknown a dit…
Bonjour,
Ma fille à fait l'IEF pendant 1 an et demi et mon fils 4 mois. Ca c'est fait suite à des harcèlements pour ma fille.
J'ai du, cause problème personnels, remettre mes enfants à l'école en décembre. Il y a sur l'ile de Saint-Martin une école Freinet, donc idéale, seulement, malgré ca, mon fils (CP) à beaucoup de mal. Ma fille (6ieme) va assez bien, malgré que le niveau soit très bas. Ca l'agasse beaucoup car elle s'ennuie (elle qui, à la maison, avait tant de mal à surmonter les apprentissages parfois compliqués). Je lui ai donc laissé les CPC pour qu'elle puisse travailler un peu plus à la maison.
Par contre, mon fils ne se lève pas le matin, et me dit ne plus vouloir y aller. A 7h30 il faut le tirer en extrême urgence alors que le weekend il est debout avant tout le monde. Et bien sur, le faire travailler le soir un peu en plus du au niveau bas de l'école....compliqué aussi.
Si vous avez des conseils à me donner, je suis prenante.
Cet été nous rentrons en métropole. Notre maison se trouve dans le Gard. Je ne sais pas encore si nous allons faire IEF ou si nous mettrons nos enfants, ou un des deux à l'école. Nous en discutons ensemble, mais si vous connaissez des écoles hors contrat correcte dans le Gard et l'Hérault, je suis prenante aussi, car dans les écoles privé contrat ou publique ma fille "ne rentre pas dans les cases" et ça devient vite le cauchemars à partir d'octobre(vécu du PS au CM1).
Très belle journée a vous et merci beaucoup Laurence pour tous vos bons conseils!
Nancy
Merepoule a dit…
Nancy j'ai fait une mauvaise manipulation et votre commentaire a disparu...pardon
les2Koalas a dit…
Ah mais ça fait tellement de bien de lire ça...
Karine a dit…
Intéressant, je te rejoins sur certains points, même si je reste convaincue que si on VEUT on PEUT : notamment des gens choisissent l'IEF tout en conciliant avec un travail à mi temps... si, c'est possible, question d'organisation : c'est aussi un choix de vie, et tout à fait envisageable, et envisagé, par pas mal de familles. (mais pas fait à la légère, pour le coup : j'ai bien dit : organisation!)

Par contre, oui, l'IEF est un CHOIX, il ne s'impose pas, ou alors là y'en a qui ont loupé la définition du mot : choix :p Mettre la pression aux gens pour qu'ils descolarisent est aussi nul que mettre la pression aux gens pour qu'ils scolarisent. L'école est un mode d'instruction, l'IEF un autre, et nous avons le choix.

Il m'est déjà arrivé de dire à une maman en burnout de faire un break en se reposant sur l'école, qu'une maman en burnout ne fera pas des enfants heureux, et que l'école devient dans ce cas nécessaire pour que d'une elle puisse se remettre et de deux pour que l'enfant soit quand même instruit dans le même temps. Il m'est déjà arrivé aussi de constater que pour telle ou telle famille, heureusement que l'école existe, et que l'IEF, ça ne me serait même pas venu à l'esprit de leur en parler...

Par contre, pourquoi s'insurger contre ceux qui proposent de changer de méthode? Après tout ce ne sont que des conseils, on est libre de les suivre ou pas, et le "unscho" marche (même si je ne me sens absolument pas prête à quitter le formel, pour ma part, même alternatif, de la méthode Montessori), études à l'appui (mais non, je ne suis pas prête du tout à faire le plongeon lol)

Après l'école c'est comme tout : y'a du bon, du mauvais, de l'excellent, du catastrophique... comme l'IEF quoi!
isabelle a dit…
Bonjour, Vos réflexions sont celles d'une maman expérimentée ! et je suis de votre avis. et j'en profite pour vous remercier d'avoir mis un lien vers mon site sur votre blog. J'aime bcp vos articles je vais souscrire à votre abonnement pour avoir des nouvelles fraiches !
Merepoule a dit…
merci Isabelle, cela me touche beaucoup !
Unknown a dit…
Bonjour! Je ne sais pas si je peux poster ça ici, mais c'est lié avec votre article. J'ai un fils qui a bientôt 3 ans et un autre d'un an. Mon mari travaille 27 heures par semaine en moyenne sur l'année mais il alterne des semaine 6j/7 et des semaine 2,5j/7. Moi j'ai des horaires fixes et je ne travaille pas les mercredis après-midi, le jeudi et le week-end. Mon 3ans participe à des ateliers Montessori le mercredi matin + cantine. Mes enfants sont gardés par ma belle mère les lundis et mardis. J'aimerais pouvoir offrir à mes enfants une instruction riche! Riche en quantité, en qualité et riche en approfondissement des sujets. Je pense déjà à des cpc. Vous, Laura et Myriam me faites rêver grâce à vos blogs. Nous ne sommes pas riches mais nous pouvons consacrer une partie de notre budget pour des cpc, des sorties, du matériel pédagogique... nous avons une femme de ménage qui vient une fois par semaine, nous habitons dans un appartement en centre ville de nice et nous avons une voiture... and the question is : avec toutes ces infos pouvez vous me donner un conseil éclairé sur notre possibilité de suivre ce projet? Je dois rajouter que j'ai enseigné le fle pendant 8 ans et mon mari a fait des études supérieures aussi. Merci pour votre réponse (et votre temps) :) A bientôt! Elfie
Bonjour Elfie,
dès lors que tous les jours votre enfant est bien pris en charge, bien accompagné dans ses apprentissages ET que vous ne vous épuisez pas, rien ne vous en empêche. Il vous faudra de l'organisation et de la constance...
J'espère justement que mon blog ne vous fait pas rêver mais vous présente l'instruction en famille avec réalisme car c'est le but recherché notamment avec des articles comme celui-ci.