Le plaisir immédiat



Personne, Sommet De La Montagne
Edition relue et corrigée en septembre 2019

"En plus, parfois on peut se retrouver à mille lieux du sujet étudié(...)Je me demande comment s'organisent les mamans qui ont des fratries en ief avec de tels spécimens..."
En lisant ce matin l'article de Véronique sur son blog, je me suis dit que c'était un "spécimen" que l'on retrouvait dans de nombreux poulaillers et que bien des parents devaient se poser la même question...
Etant dans le cas de la maman à la tête d'une fratrie IEF avec quelques petits spécimens intéressants, j'ai bien entendu en rayon celui qui a le chic pour partir de découverte en découverte, de divagation en divagation si bien qu'à la fin, il a vu tout un tas de choses mais n'a pas fait ce que je lui avais demandé. C'est chouette, un poussin curieux. Et puis... il apprend plein de choses intéressantes, il satisfait sa curiosité...mais...le plaisir immédiat de la curiosité satisfaite ne peut pas être, selon moi (et cela n'engage que la Merepoule que je suis, hein, je ne détiens pas la vérité absolue !), le seul moteur de l'enfant. C'est un beau moteur nécessaire mais pas suffisant
Par ailleurs, dans le cas d'une fratrie IEF avec de multiples niveaux à gérer, il devient vraiment compliqué de suivre tous les détours culturels de l'enfant !
il faut donc bien connaitre chacun des enfants en les observant beaucoup de manière à bien positionner les curseurs d'acceptation; les seuils de tolérance. C'est à dire que suivant l'enfant, la nature du travail, la façon dont il s'éloigne du travail de départ, 

Tantôt je laisse filer un peu ou beaucoup : par exemple je vois l'enfant chercher, regarder des images, tourner et lire d'autres pages et je ne dis rien

Parfois même j'encourage : je pose des questions, m'installe à côté de lui pour lire et discuter avec lui ou nous laissons tous ce que nous sommes en train de faire.

Tantôt je rappelle à l'ordre en lui demandant de revenir à sa tâche. 

Car mon rôle est aussi d'apprendre à l'enfant à se concentrer sur la demande de départ même si cela ne lui fait pas plaisir et de lui expliquer que s'il gère bien son temps, qu'il exécute rapidement ce que je lui ai demandé alors il aura du temps pour se replonger dans la question qui l'intéressait. On peut aussi demander à l'enfant de noter sur une feuille, un petit carnet ou un cahier la question qu'il se pose, la recherche qu'il souhaite faire pour y revenir à la fin de la demi-journée, du travail etc...Ils aiment bien faire ça, car ils voient que leur intérêt est pris en compte et simplement différé pour pouvoir y consacrer le temps nécessaire sans interruption. Ce sont de toutes petites choses, qui n'ont l'air de rien mais en fait ce sont des habitudes de travail, des réflexes que nous mettons en place. L'Education Nationale appelle cela de la méthodologie, moi j'appelle cela des habitudes de vie.

Il est bien entendu juste et bien de les suivre dans leurs recherches passionnées et d'entretenir leur curiosité mais il est tout aussi important de leur apprendre à se concentrer sur une tâche, à s'y atteler avec persévérance, à hiérarchiser les tâches et à les organiser

Et ce qui est vrai dans le travail est vrai dans le reste de la vie quotidienne; dans la classe-maison, on ne dissocie pas. De la même manière que pour les tâches scolaires, tous les matins il faut que je rappelle qu'il y a les choses à faire -et dans un certain ordre parfois- et qu'après seulement, s'il reste du temps, alors ils pourront jouer ou lire avant de commencer la classe. Je dois constamment rappeler que c'est à eux de faire en sorte de ne pas perdre de temps pour s'habiller ou ranger leur chambre s'ils veulent pouvoir jouer- ils sont responsables. Mais parfois régulièrement aussi, je range à leur place ou mets un couvert pour ne pas interrompre un jeu, un dessin ou une lecture.
Là est mon rôle : observer et adapter l'exigence (toujours avec bienveillance et empathie, est ce nécessaire de le rappeler ...?); équilibrer curiosité-engouement et persévérance-concentration-effort.
Ici encore des outils peuvent aider : un minuteur, un réveil, un petit tableau dans la chambre avec la liste de ce qu'il y a à faire etc...tout ce qui peut permettre de visualiser le temps et de se l'approprier est valable et leur permet de gagner en autonomie.
Résultat de recherche d'images pour "mère poule"
Il y a le plaisir immédiat, celui là n'a pas besoin de notre intervention pour être découvert et apprécié de l'enfant et puis il y a le plaisir du résultat après l'effort, de l'obtention après la frustration (de même qu'il est de notre rôle d'apprendre à l'enfant à accepter les frustrations et à les utiliser de manière constructive plutôt que de les lui effacer), de la patience récompensée...et celui là a besoin d'être accompagné.



à lire aussi :

Commentaires

Sab a dit…
Un billet fort pertinent !! Cela se passe comme cela chez moi !!! Avec 6 enfants, il est impossible de répondre à la demande d'un seul, tout l'temps!
Ils apprennent ainsi, malgré l'âge des plus jeunes (puisqu'ils ont entre 1 et 11 ans) à vivre en groupe. Mais ce n'est pas pour autant que leur curiosité d'esprit semble ébranlée puisqu'ils bénéficient d'une écoute attentive au plus proche de leurs besoins individuels.

Pour l'adulte, c'est aussi une question de "dosage"... Je navigue entre les personnalités de chacun en essayant d'adapter un comportement le plus juste possible.
Mais les règles de vie sont primordiales et restent un chemin balisé pour tous.Cela est très riche et amène tout un tas de valeurs à partager...
Absolument Sab et je trouve que c'est leur rendre service que de les détourner d'un narcissisme rampant...le mal de notre société actuelle...
Unknown a dit…
Et bien ce matin, sur un papier, nous avons inscrit ce qu'il a eu envie de faire là en plein travail ( je précise quand même que je ne fais pas tout ce qu'il veut, mais là j'ai noté ses demandes)
Nous avons:
-Inventer une histoire (il invente des histoires, en écrit un morceau tous les jours et à la fin, il fait un livret.) il fait cela spontanément je ne lui ai jamais suggéré. Mais aujourd'hui en plein français, il prend un feuille et commence à écrire. Bon le coup du carnet a vraiment bien fonctionné sans frustration.
-Lire l'histoire d'un roi (Ce sujet revient tous les jours)(je commence à me perfectionner en histoire de France, ne riez pas!)
-Les groupes sanguins ( maman tu connais les groupes sanguins?)( si je pars sur le sujet, on repart pour un tour.
Et aujourd'hui c'est light:)
Merci pour ton post, comme d'habitude super;)
Sab a dit…
Un exemple très proche : le fils de mon compagnon est enfant unique chez sa maman et lorsqu'il est à la maison, c'est très difficile pour lui de respecter les règles de vie en groupe... Pourtant, de toute la famille, c'est le seul qui va à l'école !
katia a dit…
C'est amusant : je l'ai mis en place instinctivement! Sauf que je leur fais noter leurs questions sur une feuille et non un carnet mais hormis cela, j'étais/je suis dans les clous. Merci pour ce billet!
@Katia : les grands esprits se rencontrent !
Aurélie a dit…
Tout à fait d'accord. Cet article tombe à point aujourd'hui. Mais pour moi, gérer les divagations, la concentration est le plus difficile que ce soit en ief ou non...