
Edit : ancien billet proposé à la relecture pour certains, à la découverte pour les autres
Je ne comprends pas ce désamour de la transmission...il serait irrespectueux vis à vis de l'enfant de lui transmettre des savoirs au lieu de le laisser chercher...?! La vie est pourtant faite des deux..."mieux vaut un qui sait que cent qui cherchent" (ma grand-mère)
L'enfant apprend naturellement, cela s'est fait pendant des millénaires, sans école, l'enfant a bien appris sans moi à parler ou à marcher....Bien des phrases entendues...qui me laissent totalement perplexe !
L'enfant marche ou parle par imitation, marcherait-il debout ou parlerait-il sans nous autour de lui ? Non, l'enfant parle bien parce que ses parents en premier lieu, lui ont parlé, ont repris sa prononciation, sa syntaxe, ont nommé les objets, ont enrichi son vocabulaire. La curiosité est naturelle à l'enfant mais l'enfant n'est pas un adulte, il lui manque cette merveilleuse chose qu'est l'expérience. Il est de notre devoir de parents d'équilibrer entre transmettre et le laisser chercher, faire sa propre expérience.
Pendant des millénaires, l'enfant n'allait pas à l'école mais pour autant il n'apprenait pas de manière "tout à fait naturelle, dans les domaines qui l’intéressaient"... "Mozart n'est jamais allé à l'école!" entend-on souvent comme argument des pratiquants du unschooling. En effet, Mozart n'est jamais allé à l'école mais il recevait un enseignement très structuré et exigeant, de type scolaire dispensé par son propre père à la réputation d'homme austère et sévère...ne nous trompons pas: les enfants des classes aisées recevaient un enseignement infiniment plus exigeant qu'aujourd'hui par des précepteurs, les autres enfants n'apprenaient ni à lire ni à écrire. Ce qui différait d'aujourd'hui n'est pas la transmission de connaissances ("qui n'avait pas cours autrefois et qui se ferait aujourd'hui pour le soit-disant plus grand malheur de nos enfants")mais la façon dont cette transmission se faisait. Nous sommes passés d'un système d'instruction privée/ absence d'instruction à l'instruction privée/scolarisation gratuite pour tous.
Et quand bien même, il ne recevait pas d'instruction, l'enfant de classe populaire apprenait quand même avant tout par la transmission ! Le fils de paysan n'avait pas d'autre choix que de suivre son père et son apprentissage commençait très tôt ! Son père n'attendait pas que pousser la charrue l'intrigue ou l’intéresse pour lui apprendre les gestes !! L'apprenti chevalier rentrait au service d'un chevalier expérimenté à l'âge de 7 ans et il lui fallait près de 11 ans d'enseignement et d'apprentissage pour devenir à son tour chevalier. Cela est vrai pour tous les métiers : les maîtres transmettaient la connaissance à des enfants qui n'avaient bien souvent pas le choix...les mères transmettaient à leurs filles etc...Est-ce à dire que tous ces enfants sans exception étaient malheureux?
Suis-je la seule à m'étonner et à me scandaliser quand un enfant de 11 ou 12 ans ne sait pas encore lire parce qu'il n'en avait pas le souhait ? ?!! Quelle irresponsabilité ! Un enfant a très tôt l'envie d'écrire et de lire, mais cette période sensible est furtive et si le parent n'y prête pas attention, il rate l'étape et il peut être ensuite difficile de motiver l'enfant. C'est pour moi le priver d'une grande liberté et d'une grande autonomie que de le maintenir dans l'illettrisme aussi longtemps!
Pour poursuivre votre réflexion
Commentaires
Heureusement de nombreux professeurs (ex:le GRIP) ne courbent pas l'échine devant le Mammouth et continuent à enseigner, à transmettre.
Je partage globalement votre avis Sandrine. Il me semble cependant que les méthodes "anciennes" ne permettaient pas à l'enfant de chercher, de triturer, d'expérimenter, de réfléchir, on avait atteint le paroxisme de la transmission, maintenant nous en sommes exactement à l'opposé. Dans les deux cas, je ne veux pas jeter le bébé avec l'eau du bain mais trouver un juste équilibre. L'enfant n'est pas non plus un vase qu'on remplit...mais bien un feu qu'on allume. La transmission ne doit pas étiendre l'éteincelle, le goût de la recherche, le plaisir de la curiosité.La transmission n'est pas forcément de répondre à la question posée par l'enfant mais de lui dire où et comment chercher, il trouvera seul un début de réponse que nous pourrons enrichir. Voilà comment je vois mon rôle.Nous le construisons ensemble, nous nous construisons ensemble. C'est mon constructivisme à moi...!
Mais voilà. Si mes deux filles ont appris à lire rapidement et respectivement à 6,5 et 7,5 ans, mon fils lui, n'est pas motivé.
Il est cognitivement prêt. Je le sais, il y a quelques mois non, maintenant il pourrait. Je pourrais le prendre tous les matins avec moi pour lui enseigner la lecture, ce serait laborieux mais il y parviendrait.
Soit. Sauf que j'ai vu sa sœur jumelle décider à apprendre à lire, me tanner plusieurs fois par jours avec un livre de lecture pour apprendre. En 3 mois c'était fait, on n'a même pas parcouru plus d'un quart du livre, le reste de l'apprentissage s'est fait avec tous les autrs supports de la vie.
Alors pourquoi nous contraindre, mon fils et moi à un travail laborieux et quotidien ?
D'autant qu'il développe une autre forme d'intelligence, celle que nous avons oublié depuis que nous savons lire.
Dès lors que la lecture est acquise, notre cerveau privilégie cette façon de récolter l'information, au détriment des façons plus instinctives. Quand on sait lire, on va à l'essentiel, au message écrit.
Mon fils lui, est tellement plus observateur, plus malin, plus instinctif que nous !
Il décode le monde avec un autre code, il voit les choses autrement. Sa vision est riche. Et je mets au défi quiconque de se rendre compte qu'il ne sait pas lire dans des situations du quotidien ! Même en voyage, peu de choses lui échappent.
Je ne suis pas irresponsable. Quand il saura lire, un autre monde s'ouvrira à lui. A ce jour, nous nous ouvrons au sien.
Mon garçon a toujours pris son temps pour tout, pour marcher, pour parler, pour perdre ses dents. Il a son rythme d'acquisition. Il est très fin dans ses analyses, à déjà des raisonnements philosophiques, sait mener à bien un projet, construire un raisonnement mathématique... Mais il ne lit pas et n'écrit pas.
- l'enfant à un désir d'apprendre naturellement
- l'enfant est curieux
En partant de ces convictions de base, il serait automatique que la lecture soit une des premières choses qu'un enfant veuille apprendre . Étant donné que c'est la clé de déchiffrage de tout les autres savoir .
Idem pour la gestion des écrans , on entend de plus en plus que les écrans sont mauvais etc.... ( tout dépend de leur utilisation mais c'est un autre sujet) . Donc sans lecture, une partie des savoir est dispensée par les écrans
et une contradiction de plus ....
Étrangement , mes enfants ont tous été ravis d'apprendre à lire et écrire et ce de manière très formelle . Ils avaient ce désir profond, d'accomplir l'impossible, de lire seuls comme des grands.
Enfin la "découverte" du savoir par l'enfant, pfff me laisse très dubitative, les derniers programmes scolaires le matraquent à chaque page/chapitre , et on voit les résultats de plus en plus catastrophiques , donc pour moi ce n'est pas la méthode mais bien son emploi qui fait la différence .
De plus j'étais ravie de réactiver mes connaissances en philo...je me suis délectée de relire que Rousseau prétendait haïr les livres tout en en écrivant...un peu comme coca cola soutient la nutrition santé...!!
Brune
De puis février je me bats pour lui redonner le goût de l'apprentissage, le goût de partager, l'envie de s'ouvrir aux autres et de ne plus avoir peur de dire une bêtise. La maîtresse lui a marteler qu'il était nul et qu'il n'y arriverait jamais en le laissant de côté voir en le mettant à la sieste avec des maternelle!(école de campagne qui va de la TPS au CP inclus) En septembre il ira en CE1. Je compte sur les 2 mois d'été pour le débloquer et enfin qu'il ose lire.