Je ne sais pas pourquoi on aime à les opposer parce que moi je trouve qu'elles se complètent plutôt pas mal. Elles se complètent sur certains points mais sont très différentes sur d'autres. Parfois on voit des similitudes entre les deux pédagogies où à mon sens il n'y en a pas vraiment...ce serait aller un peu vite en besogne...Il ne s'agit pas pour moi, même si je sais où va ma préférence, de dire qu'il y a une pédagogie plus valable que l'autre-d'autant que je ne suis pas formée plus à l'une qu'à l'autre- mais simplement d'aider à y voir un peu plus clair à partir de ce que j'ai lu, compris, assimilé, expérimenté.
LES POINTS COMMUNS :
- le respect inconditionnel de l'enfant en tant que personne avec sa dynamique propre, ses besoins profonds, son intelligence, son caractère.
- l'autonomie de l'enfant. Ces deux pédagogies visent l'autonomie de l'enfant. La vraie autonomie. Il ne s'agit pas, ni pour l'une ni pour l'autre, de rompre l'attachement de l'enfant à ses parents qui lui est nécessaire pour se construire, mais bien d'autonomie. Apprendre à l'enfant à faire seul quand il est prêt. Un enfant n'est pas autonome parce qu'on l'arendu forcé propre avant 3 ans alors qu'il n'était pas prêt. Il n'est pas autonome, il est contraint.
- l'atmosphère préparée et dédiée aux apprentissages. A leur, façon, chacune est attentive à une atmosphère propice aux apprentissages et respectueuse de l'enfant.
- la recherche d'un équilibre entre le corps et l'esprit. L'adage populaire d'un esprit sain dans un corps sain prend avec ces deux femmes tout son sens. L'une comme l'autre attache de l'importance au travail manuel, au travail de la main, au corporel tout autant qu'aux apprentissages plus intellectuels.
- la sollicitation de nos sens. Utiliser tous ses sens pour apprendre : la vue, l’ouïe, le toucher, le goût, l'odorat sont essentiels pour l'une comme pour l'autre.
- la religion. Elles étaient toutes les deux chrétiennes, et on ne peut pas, à mon sens, bien assimiler ces pédagogies si l'on en fait abstraction. Leurs convictions religieuses sous-tendent leurs pédagogies, vouloir l'occulter, c'est appauvrir ces pédagogies.
- la manipulation et l'expérimentation. Les phases de manipulation pour acquérir une notion sont essentielles pour l'une comme pour l'autre.
- la beauté. Toutes deux étaient attachées à la recherche du beau. Pour Maria Montessori, il est important que le matériel proposé à l'enfant soit sobre et beau (et j'y vois là une expression de son catholicisme), fabriqué dans des matières nobles, de belle facture, de bonne qualité. Pour Charlotte Mason, les livres proposés à la lecture doivent être beaux, très bien écrits.
- l'apprentissage des langues étrangères : toutes deux préconisent un apprentissage précoce des langues étrangères et la façon des les apprendre est d'ailleurs assez similaire.
- la nature. Si je trouve que la nature occupe une place prépondérante chez Charlotte Mason (elle préconise que les enfants passent 6 heures par jour en extérieur !), elle n'est pas oubliée par Maria Montessori qui accorde une large place à la botanique et à la zoologie.
- la liberté. L'une comme l'autre avait l'intelligence de s'adapter à l'enfant. Dans les deux cas il s'agit d'une pédagogie mais nous pourrions tout aussi bien parler d'une philosophie plutôt que d'un mode d'emploi à appliquer à la lettre.
Il y en a forcément d'autres mais je ne vais écrire une thèse...
LES POINTS D'OPPOSITION:
- le matériel. Maria Montessori a crée et mis en place un matériel extrêmement conséquent (et fort coûteux depuis...!) pour les apprentissages. Il n'en est rien chez Charlotte Mason. CM utilise les objets courants, du quotidien pour faire faire des manipulations à l'enfant.
- le coût. Il est sans commune mesure...ceux qui ont un peu de matériel MM chez eux le savent bien. CM n'utilise que des objets du quotidien.
- le silence. Dans une classe MM, on doit chuchoter, se déplacer en silence, faire le moins de bruit possible pour ne pas gêner la concentration des autres. Pour CM, l'enfant doit pouvoir se concentrer dans le bruit habituel de la maison dès lors qu'il n'est pas excessif.
- l’effectif. MM préconisait des classes multi-âges et avec des effectifs assez nombreux (une trentaine d'enfants) de manière à ce que la coopération soit profitable. Pour CM, rien ne valait l'instruction en famille !
- l'imaginaire. Il y a, je trouve, chez MM, une volonté assez marquée de détacher rapidement l'enfant du monde de l'imaginaire. Elle déconseillait la lecture de contes de fées par exemple. Les premières lectures de l'enfant sont en lien avec son univers quotidien. Chez CM, c'est tout le contraire ! (à ce sujet, vous pouvez lire cet article de Laura)
- le jeu. Tandis que MM supprime les jeux des classes des plus petits, le travail proposé leur étant suffisant et de nature à les combler, CM ne propose rien de formel au moins de 6 ans pour qu'ils aient le temps de jouer, imaginer (on y revient), grimper aux arbres etc...
- avant 6 ans. Dans la pédagogie MM, le petit entre 3 et 6 ans apprend à lire, écrire, compter, la géographie etc... grâce à tout un matériel concret. Dans la pédagogie CM, RIEN, avant 6 ans.
- la place centrale de la littérature. Si elle est au cœur de la pédagogie de CM, elle ne l'est pas de manière aussi marquée chez MM. D'ailleurs on parle peu de littérature, de critères de sélection des livres pour les enfants dans les livres récents traitant de la pédagogie Montessori.
- la grammaire. Elle est abordée très tôt et de manière concrète, précise et très développée chez MM. Elle est abordée très tardivement chez CM et de ce fait ne requiert pas de matériel concret car l'enfant est alors arrivé à un âge où le passage à l'abstraction est plus rapide.
- la narration orale. Pilier de la pédagogie CM, je ne la retrouve pas vraiment chez MM.
- la durée des séances. MM préconise de laisser l'enfant travailler sur un exercice, avec un matériel, aussi longtemps que sa concentration le lui commande. On n’interrompt pas l'enfant. CM préconise un enchaînement de séances courtes et variées pour ne pas lasser l'enfant. En effet pour MM l'enfant choisit le travail auquel il va s'atteler, pour CM, il aura un emploi du temps plus ritualisé.
Il y en a forcément d'autres mais je ne vais écrire un livre...
LES FAUSSES SIMILITUDES :
Après les points communs et les différences, il y a aussi toutes les fausses similitudes, tout ce que l'on prend pour des points communs mais qui à mon sens n'en sont pas tout à fait.
- "elles ont toutes les deux laissé une large place à la nature". Je ne trouve pas cela exact. Je trouve que l'approche de la nature est différente chez MM et chez CM. Elles aiment toutes les deux la Création, la nature et se préoccupent de la place de l'homme sur Terre au milieu de la Création. Mais je trouve l'approche proposée en pédagogie MM beaucoup plus scolaire que chez CM. CM nous envoie passer un temps considérable chaque jour à l'extérieur, notre carnet d'observation et notre aquarelle à la main. Elle nous recommande un temps quotidien d'exercice physique. Elle nous encourage à affronter la nature sauvage, l'écouter, la sentir, la raconter. En pédagogie MM, c'est un peu différent. Bien sûr passer du temps à l'extérieur n'est pas contradictoire à cette pédagogie mais nous revenons assez vite à des livrets renseignés, à des puzzles, à des étiquettes, etc...ce n'est pas le poisson rouge de la classe, le mini-potager ou la plante verte qui apprend aux enfants la Nature avec un grand N. Un petit citadin peut sortir de sa classe MM, vous détailler toutes les parties du squelette de la grenouille, mais connait il le bruit des grenouilles en période de reproduction si fort qu'on ne peut pas dormir? C'est aussi la limite entre une classe et l'IEF !
- "les grands récits sont finalement des living-books": les grands récits MM sont les grands récits MM. Ils peuvent trouver leur place dans une classe-maison CM mais ils ne sont pas des living-books. Premièrement les grands récits ne doivent en principe pas se lire mais se raconter. Il ne s'agit pas d'une lecture offerte. Deuxièmement, par là-même, ils n'ont pas selon moi les qualités littéraires requises pour rentrer dans la catégorie des living-books. Enfin, l'objectif n'est pas le même : un living-book est écrit par une personne passionnée par un sujet ou qui a vécu dans sa chair ce qu'il raconte, il est bien écrit et transmet des connaissances de façon exaltante et vivante. Il doit être inspirant et exalter l'imaginaire (et oui, encore lui !). Les grands récits ont pour objectif de replacer l'enfant dans l'histoire de l'humanité, de relier ce qu'il apprend à ce que d'autres ont fait avant lui ans le même domaine. Ils abordent 5 thèmes : l'histoire de la Terre, l'histoire de la vie sur Terre, l'histoire de l'homme, l'histoire de l'écriture, l'histoire des chiffres et ils sont prévus pour être accompagnés d'expériences et d'observation et pour durer plusieurs semaines ou mois, ils sont travaillés de manière "filée". Il ne s'agit plus là d'exaltation de l'imaginaire.
- "MM et CM utilisent toutes les deux le boulier". En effet, mais ce n'est pas du tout le même ! Premièrement il y en a un qui coûte cher et l'autre pas... (je vous laisse deviner...) Deuxièmement l'utilisation n'est pas du tout la même. Le boulier MM est intéressant mais demande une formation pour le parent et beaucoup de concentration à l'enfant pour trouver le résultat qu'il recherche.
- "le livre des siècles et les frises c'est pareil". Une frise historique quel qu'en soit le thème a toute sa place dans une instruction CM autant que dans toute instruction d'ailleurs. C'est un document assez impersonnel qui a pour fonction de mettre les événements en perspective, de replacer événements, personnages dans leur période, sur la chaîne du temps dont nous sommes un maillon. Le livre des siècles appartient à l'enfant, c'est personnel et individuel. L'enfant va le compléter lui même en fonction de ses intérêts, de ses lectures, de ses sorties, de ses visites, de ses visionnages etc...Ainsi dans une classe, les enfants auraient tous la même frise mais certainement des livres des siècles très différents.
- "elles encouragent pareillement à la lecture jeune". C'est exact mais la lecture ne sera pas de la même nature. Chez MM, je trouve les propositions de lectures très pauvres. Les enfants lisent tôt mais nous leur proposons principalement des livrets très terre à terre. Chez CM, nous trouvons des living-books pour tous les âges qui réveillent et entretiennent le goût de la lecture et le goût du beau.
J'en oublie certainement et j'aurai aussi sûrement des détracteurs...mais j'assume mes propos...!
Edit : il s'agit d'un billet ancien que je publie à nouveau. A mesure que je m'enfonce chaque jour un peu plus, avec délectation, dans la pratique Charlotte Mason, je crois pouvoir ajouter ceci (que les puristes me pardonnent, je sais qu'ils vont faire des bonds...): assurément, ce qui, pour moi, différencie ces deux femmes, c'est la poésie! Il y a un univers poétique, presque romantique, une atmosphère douce chez Charlotte Mason que je ne retrouve pas chez Maria Montessori (où tout m’apparait toujours plus fonctionnel et utilitaire, un univers plus "scientifique", plus "médical")
LES POINTS COMMUNS :
- le respect inconditionnel de l'enfant en tant que personne avec sa dynamique propre, ses besoins profonds, son intelligence, son caractère.
- l'autonomie de l'enfant. Ces deux pédagogies visent l'autonomie de l'enfant. La vraie autonomie. Il ne s'agit pas, ni pour l'une ni pour l'autre, de rompre l'attachement de l'enfant à ses parents qui lui est nécessaire pour se construire, mais bien d'autonomie. Apprendre à l'enfant à faire seul quand il est prêt. Un enfant n'est pas autonome parce qu'on l'a
- l'atmosphère préparée et dédiée aux apprentissages. A leur, façon, chacune est attentive à une atmosphère propice aux apprentissages et respectueuse de l'enfant.
- la recherche d'un équilibre entre le corps et l'esprit. L'adage populaire d'un esprit sain dans un corps sain prend avec ces deux femmes tout son sens. L'une comme l'autre attache de l'importance au travail manuel, au travail de la main, au corporel tout autant qu'aux apprentissages plus intellectuels.
- la sollicitation de nos sens. Utiliser tous ses sens pour apprendre : la vue, l’ouïe, le toucher, le goût, l'odorat sont essentiels pour l'une comme pour l'autre.
- la religion. Elles étaient toutes les deux chrétiennes, et on ne peut pas, à mon sens, bien assimiler ces pédagogies si l'on en fait abstraction. Leurs convictions religieuses sous-tendent leurs pédagogies, vouloir l'occulter, c'est appauvrir ces pédagogies.
- la manipulation et l'expérimentation. Les phases de manipulation pour acquérir une notion sont essentielles pour l'une comme pour l'autre.
- la beauté. Toutes deux étaient attachées à la recherche du beau. Pour Maria Montessori, il est important que le matériel proposé à l'enfant soit sobre et beau (et j'y vois là une expression de son catholicisme), fabriqué dans des matières nobles, de belle facture, de bonne qualité. Pour Charlotte Mason, les livres proposés à la lecture doivent être beaux, très bien écrits.
- l'apprentissage des langues étrangères : toutes deux préconisent un apprentissage précoce des langues étrangères et la façon des les apprendre est d'ailleurs assez similaire.
- la nature. Si je trouve que la nature occupe une place prépondérante chez Charlotte Mason (elle préconise que les enfants passent 6 heures par jour en extérieur !), elle n'est pas oubliée par Maria Montessori qui accorde une large place à la botanique et à la zoologie.
- la liberté. L'une comme l'autre avait l'intelligence de s'adapter à l'enfant. Dans les deux cas il s'agit d'une pédagogie mais nous pourrions tout aussi bien parler d'une philosophie plutôt que d'un mode d'emploi à appliquer à la lettre.
Il y en a forcément d'autres mais je ne vais écrire une thèse...
LES POINTS D'OPPOSITION:
- le matériel. Maria Montessori a crée et mis en place un matériel extrêmement conséquent (et fort coûteux depuis...!) pour les apprentissages. Il n'en est rien chez Charlotte Mason. CM utilise les objets courants, du quotidien pour faire faire des manipulations à l'enfant.
- le coût. Il est sans commune mesure...ceux qui ont un peu de matériel MM chez eux le savent bien. CM n'utilise que des objets du quotidien.
- le silence. Dans une classe MM, on doit chuchoter, se déplacer en silence, faire le moins de bruit possible pour ne pas gêner la concentration des autres. Pour CM, l'enfant doit pouvoir se concentrer dans le bruit habituel de la maison dès lors qu'il n'est pas excessif.
- l’effectif. MM préconisait des classes multi-âges et avec des effectifs assez nombreux (une trentaine d'enfants) de manière à ce que la coopération soit profitable. Pour CM, rien ne valait l'instruction en famille !
- l'imaginaire. Il y a, je trouve, chez MM, une volonté assez marquée de détacher rapidement l'enfant du monde de l'imaginaire. Elle déconseillait la lecture de contes de fées par exemple. Les premières lectures de l'enfant sont en lien avec son univers quotidien. Chez CM, c'est tout le contraire ! (à ce sujet, vous pouvez lire cet article de Laura)
- le jeu. Tandis que MM supprime les jeux des classes des plus petits, le travail proposé leur étant suffisant et de nature à les combler, CM ne propose rien de formel au moins de 6 ans pour qu'ils aient le temps de jouer, imaginer (on y revient), grimper aux arbres etc...
- avant 6 ans. Dans la pédagogie MM, le petit entre 3 et 6 ans apprend à lire, écrire, compter, la géographie etc... grâce à tout un matériel concret. Dans la pédagogie CM, RIEN, avant 6 ans.
- la place centrale de la littérature. Si elle est au cœur de la pédagogie de CM, elle ne l'est pas de manière aussi marquée chez MM. D'ailleurs on parle peu de littérature, de critères de sélection des livres pour les enfants dans les livres récents traitant de la pédagogie Montessori.
- la grammaire. Elle est abordée très tôt et de manière concrète, précise et très développée chez MM. Elle est abordée très tardivement chez CM et de ce fait ne requiert pas de matériel concret car l'enfant est alors arrivé à un âge où le passage à l'abstraction est plus rapide.
- la narration orale. Pilier de la pédagogie CM, je ne la retrouve pas vraiment chez MM.
- la durée des séances. MM préconise de laisser l'enfant travailler sur un exercice, avec un matériel, aussi longtemps que sa concentration le lui commande. On n’interrompt pas l'enfant. CM préconise un enchaînement de séances courtes et variées pour ne pas lasser l'enfant. En effet pour MM l'enfant choisit le travail auquel il va s'atteler, pour CM, il aura un emploi du temps plus ritualisé.
Il y en a forcément d'autres mais je ne vais écrire un livre...
LES FAUSSES SIMILITUDES :
Après les points communs et les différences, il y a aussi toutes les fausses similitudes, tout ce que l'on prend pour des points communs mais qui à mon sens n'en sont pas tout à fait.
- "elles ont toutes les deux laissé une large place à la nature". Je ne trouve pas cela exact. Je trouve que l'approche de la nature est différente chez MM et chez CM. Elles aiment toutes les deux la Création, la nature et se préoccupent de la place de l'homme sur Terre au milieu de la Création. Mais je trouve l'approche proposée en pédagogie MM beaucoup plus scolaire que chez CM. CM nous envoie passer un temps considérable chaque jour à l'extérieur, notre carnet d'observation et notre aquarelle à la main. Elle nous recommande un temps quotidien d'exercice physique. Elle nous encourage à affronter la nature sauvage, l'écouter, la sentir, la raconter. En pédagogie MM, c'est un peu différent. Bien sûr passer du temps à l'extérieur n'est pas contradictoire à cette pédagogie mais nous revenons assez vite à des livrets renseignés, à des puzzles, à des étiquettes, etc...ce n'est pas le poisson rouge de la classe, le mini-potager ou la plante verte qui apprend aux enfants la Nature avec un grand N. Un petit citadin peut sortir de sa classe MM, vous détailler toutes les parties du squelette de la grenouille, mais connait il le bruit des grenouilles en période de reproduction si fort qu'on ne peut pas dormir? C'est aussi la limite entre une classe et l'IEF !
- "les grands récits sont finalement des living-books": les grands récits MM sont les grands récits MM. Ils peuvent trouver leur place dans une classe-maison CM mais ils ne sont pas des living-books. Premièrement les grands récits ne doivent en principe pas se lire mais se raconter. Il ne s'agit pas d'une lecture offerte. Deuxièmement, par là-même, ils n'ont pas selon moi les qualités littéraires requises pour rentrer dans la catégorie des living-books. Enfin, l'objectif n'est pas le même : un living-book est écrit par une personne passionnée par un sujet ou qui a vécu dans sa chair ce qu'il raconte, il est bien écrit et transmet des connaissances de façon exaltante et vivante. Il doit être inspirant et exalter l'imaginaire (et oui, encore lui !). Les grands récits ont pour objectif de replacer l'enfant dans l'histoire de l'humanité, de relier ce qu'il apprend à ce que d'autres ont fait avant lui ans le même domaine. Ils abordent 5 thèmes : l'histoire de la Terre, l'histoire de la vie sur Terre, l'histoire de l'homme, l'histoire de l'écriture, l'histoire des chiffres et ils sont prévus pour être accompagnés d'expériences et d'observation et pour durer plusieurs semaines ou mois, ils sont travaillés de manière "filée". Il ne s'agit plus là d'exaltation de l'imaginaire.
- "MM et CM utilisent toutes les deux le boulier". En effet, mais ce n'est pas du tout le même ! Premièrement il y en a un qui coûte cher et l'autre pas... (je vous laisse deviner...) Deuxièmement l'utilisation n'est pas du tout la même. Le boulier MM est intéressant mais demande une formation pour le parent et beaucoup de concentration à l'enfant pour trouver le résultat qu'il recherche.
- "le livre des siècles et les frises c'est pareil". Une frise historique quel qu'en soit le thème a toute sa place dans une instruction CM autant que dans toute instruction d'ailleurs. C'est un document assez impersonnel qui a pour fonction de mettre les événements en perspective, de replacer événements, personnages dans leur période, sur la chaîne du temps dont nous sommes un maillon. Le livre des siècles appartient à l'enfant, c'est personnel et individuel. L'enfant va le compléter lui même en fonction de ses intérêts, de ses lectures, de ses sorties, de ses visites, de ses visionnages etc...Ainsi dans une classe, les enfants auraient tous la même frise mais certainement des livres des siècles très différents.
- "elles encouragent pareillement à la lecture jeune". C'est exact mais la lecture ne sera pas de la même nature. Chez MM, je trouve les propositions de lectures très pauvres. Les enfants lisent tôt mais nous leur proposons principalement des livrets très terre à terre. Chez CM, nous trouvons des living-books pour tous les âges qui réveillent et entretiennent le goût de la lecture et le goût du beau.
J'en oublie certainement et j'aurai aussi sûrement des détracteurs...mais j'assume mes propos...!
Edit : il s'agit d'un billet ancien que je publie à nouveau. A mesure que je m'enfonce chaque jour un peu plus, avec délectation, dans la pratique Charlotte Mason, je crois pouvoir ajouter ceci (que les puristes me pardonnent, je sais qu'ils vont faire des bonds...): assurément, ce qui, pour moi, différencie ces deux femmes, c'est la poésie! Il y a un univers poétique, presque romantique, une atmosphère douce chez Charlotte Mason que je ne retrouve pas chez Maria Montessori (où tout m’apparait toujours plus fonctionnel et utilitaire, un univers plus "scientifique", plus "médical")
Commentaires
Je pense sincèrement qu'il est mauvais de suivre aveuglément une pédagogie plus qu'une autre . Il y a beaucoup de bonnes idées dans chacune, et un mixe de tout , suivant le besoin des enfants est le mieux ..
par ailleurs je trouve que c'est justement la force de l'IEF: comme on n'est pas "lié" à une pédagogie particulière, on peut prendre certains éléments et mixer avec d'autres
Et justement cela nuance l'aspect "travail en grande classe" côté montessori : quand on fait l'ief montessori, on regagne de la souplesse !
Dans un tout autre registre, comment gerez-vous les cadeaux de Noel en respectant vos enfants et les souhaits de la famille ?
Sur le jeu, MM a élaboré sa pédagogie dans un contexte de classe d'enfants défavorisés, les jeux étaient peu présents à cet époque. En appliquant cette philosophie à l'IEF, évidement que les jeux ne sont pas proscris, ils viennent juste sur des temps différents (que l'enfant peut tout à fait choisir, pour lui jouer ou travailler c'est pareil, même intérêt). Et un enfant à la maison ce sera bien différent que dans une classe donc les choses sont à adapter.
J'aime cette manière de prendre le meilleur chez chacun, et surtout d'adapter ce qui va à la réalité de ta famille.
Je vais bien relire tout ça à tête reposée, mais tu réponds à beaucoup de questions que je me pose.
Il manque toutefois à mon avis un rappel du contexte dans lequel ces pédagogies ont été construites : les familles aisées anglaises pour cm, les faubourgs populaires de Rome pour mm.
Anika
Une pédagogie ne doit jamais être enfermante ! C'est avant tout l'enfant qui doit vous guider. Vous devez répondre à ses demandes mais rien qu'à ses demandes.
tout d'abord merci piur cet article. Et vous résumez très bien les approches de ces deux pédagogies.
je vous en remercie énormément
Je pense que beaucoup viennent du fait que MM a développé sa pédagogie pour un groupe-classe. Le matériel est donc rentabilisé sur plusieurs années voire même générations. Tandis que CM développe ses idées d'abord pour les parents, et extrapole pour un usage en classe.
@Tiphaine : contente de te lire un peu ici! merci pour tes remarques très justes.