Les apprentissages concrets sont à la portée de tous!






L’apprentissage devrait toujours se faire en 3 phases: 1.concret 2.semi-concret et 3.abstrait. Il est essentiel de ne pas brûler d’étapes. 
De nombreuses difficultés observées actuellement à l’école viennent notamment du fait que nous faisons passer trop vite les enfants à l’abstraction. Le matériel concret est une des clés de la pédagogie de Maria Montessori. Les mathématiques par la manipulation sont aussi un point fondamental chez Charlotte Mason. Lorsque nous évoquons l'apprentissage concret, nous avons tendance à l’associer systématiquement au matériel Montessori (coûteux), aux enfants des classes primaire uniquement et aux mathématiques essentiellement. Mais ceci est extrêmement réducteur !

En effet, l’expérience m'a montré que si nous ne sommes pas en possession d’un matériel concret conséquent, nous pouvons toutefois, sans dommage, opter pour un apprentissage au moins en 2 étapes: semi-concret puis abstrait. Et pour bien des notions, nous n'aurons même pas à brûler l'étape 1. Le matériel concret n'est pas nécessairement labellisé Montessori. A regarder de près, nous avons des trésors dans nos maisons!

Nous pouvons faire entrer un enfant dans une notion par le concret ou le semi-concret quel que soit le domaine d’étude et c’est à nous, indépendamment du matériel pédagogique – que nous ne possédons pas toujours- de trouver comment faire. Si en général, nous n’éprouvons pas de difficultés à aborder les mathématiques de primaire concrètement, cela se corse un peu lorsque nous arrivons au niveau collège ou lycée ou dans les autres matières ! Précisons toutefois que plus les enfants avancent en âge et plus le passage à l'abstraction se fait naturellement et rapidement. Ainsi au collège ou au lycée, l'approche concrète se fera plus ponctuellement,  sur un point qui pose problème. Elle n'est pas à rechercher nécessairement et systématiquement. Je serais plus réservée sur l'approche semi-concrète, qui elle me semble plus indispensable dans ces tranches d'âges.

Que pouvons-nous entendre par concret? Apprendre les mesures de poids en utilisant une balance, apprendre les fractions en découpant, apprendre les mesures de capacités en utilisant un verre doseur, comprendre la soustraction avec des perles, des noisettes, apprendre l’impératif en donnant des ordres et les exécuter, comprendre un paysage de géographie in situ, les sciences avec un microscope et l’observation fine, l’histoire en visitant un musée etc…

Que pouvons-nous entendre par semi-concret? Pour schématiser, il s’agirait de passer de la 3D à la 2D. Nous favoriserons alors le dessin, la mise en couleurs, les cartes, les vidéos, les schémas, l’étude de photos. C’est encore extrêmement parlant pour l’enfant. Pour les plus petits, nous faisons du semi-concret lorsque nous leur demandons de trier par exemple des photos, des étiquettes, placer des symboles de grammaire, colorier un dessin de paysage, observer un document photographique etc…

Et lorsque nous ne disposons d’aucune ressource concrète ou semi-concrète pour expliquer une notion ? Nous ne sommes pas encore tout à fait démunis! Il nous reste le langage imagé, la mise en mouvement et les cas pratiques.

- Le langage imagé : c’est une méthode toute simple mais très efficace. Il s’agit d’expliquer par exemple une règle en employant un langage très imagé, parlant ou poétique qui marquera l’esprit de l’enfant. Par exemple: la règle d’orthographe que l’enfant doit comprendre ET apprendre concernant s ou ss dans un mot pour conservant le son «sss » peut s’apprendre de cette manière : «quand la lettre S est prisonnière de deux voyelles, elle chante zz. Si je veux la faire siffler, je dois la doubler».
Vous voyez que cette technique très réjouissante pour l’enfant-quel que soit son âge-facilite grandement la mémorisation d’une règle ou d’une leçon.

- La mise en mouvement : l’acquisition d’une notion peut être grandement facilitée par le mouvement à défaut d’avoir du matériel à manipuler. Et pour cela la porte de l’imagination des parents doit rester grande ouverte! Comprendre les mouvements apparents du soleil en bougeant autour d’une table, mémoriser les tables en chantant et/ou en dansant, changer d’endroit dans la pièce pour travailler, faire au tableau plutôt que sur sa feuille, lancer un ballon en même temps que donner la réponse à une question, taper dans ses mains, lever un bras à chaque fois qu’on entend le son voulu, réciter un texte en secouant à un rythme régulier un sac de haricots etc…

- Les cas pratiques : indispensables au collège et au lycée pour devancer les sempiternelles questions du type «mais ça sert à quoi d’apprendre ça!» de tout ado qui se respecte…!! Commencer par les mettre dans une situation de la vie courante est essentiel (c’est par ailleurs ce que font les problèmes de maths en primaire). Faire les soldes permet de comprendre les pourcentages, puiser dans l’actualité quotidienne (sondages par exemple), expliquer une facture d’EDF (que l’enfant aura sous les yeux bien entendu) permet de comprendre la TVA, les dettes permettent de comprendre les nombres relatifs, les calculs de remboursements d’emprunts, de point d’amortissement permettent de faire réaliser à un lycéen l’intérêt des calculs de suites mais aussi des notions d’économie etc…

Nous le voyons donc : l’enjeu est toujours de relier les notions d’apprentissage à la vie. Et pour cela, nul besoin de matériel coûteux...l'imagination et la volonté du parent suffisent...


 
Article rédigé pour "les tutoriels" 





Commentaires

céline a dit…
J'ai été très marqué en formation Montessori de faire de la grammaire "concrète" avec des figurines. C'était tellement parlant ! C'est ce que je mets petit à petit en place dans ma classe (CE1), notamment en mathématiques avec les "centres mathématiques". J'en parle ici pour ceux qui se demandent bien ce que cela peut être :

http://maviedefamille.canalblog.com/archives/2016/08/26/34232849.html

Que du matériel simple que j'ai trouvé chez moi, la boîte de jeux mathématiques de RETZ (CP-CE1) complète le tableau... Bref, mes élèves découvrent petit à petit ce matériel et sont déjà enthousiastes (le premier pas est franchi, ils ont envie de l'utiliser !).

Donc oui, je suis complètement d'accord, il est tout à fait possible de faire du concret même en grammaire avec trois fois rien !

Merci Laurence pour toutes bonnes idées piochées dans ce blog, car même si je ne fais pas l'école à mes enfants, il est très inspirant !
Vanou a dit…
Bonsoir Mère Poule,

Oui en soit nul besoin de matériel coûteux sauf que....

Pour ma part je n'ai pas une formation d'enseignante donc se lancer en IEF est déjà un peu plus complexe. J'ai beaucoup à apprendre sur la tenue d'une maison, faire un planning. Mon mari a des horaires très changeants avec 6 gardes par mois (couché à 2h du mat pour une garde standard avec un début de travail à 7h30 donc autant vous dire que le lendemain il n'est pas d'un grand soutien). J'aime être avec mes enfants mais je ne me voyais pas "répétitrice". L'offre de manuels est tellement pléthorique que je m'y perdais et on peut vite acheter beaucoup de manuels ou de jeux" educa-ludiques."

Bref depuis le début de la formation Montessori (donc avec du matériel coûteux) je suis nettement plus sereine. La marche à suivre est tracée, il ne me reste plus qu'à beaucoup observer mes enfants et proposer l'ambiance qui va bien (ce qui n'est pas une mince affaire).

Bon je dois avouer aussi, qu'après 3 stages de formation, j'ai beaucoup appris sur moi et que cette pédagogie me convient vraiment.

Servane
Gwen a dit…
Merci pour ces rappels Laurence! À la fois il est toujours bon d'avoir en tête la diversité des moyens à disposition pour rendre concret un apprentissage et à la fois je me retrouve complètement dans la situation de Vanou: montessori me rassure car cela me soulage d'une partie du travail de structuration, assez angoissant pour un début en IEF😀. Vanou je t'envie tes stages de formation...