Je réponds

"Je ne suis pas tout à fait d'accord sur la partie "imaginaire" de MM. L'imaginaire et les contes ne sont pas interdits mais reportés à après 6 ans. Avant l'enfant a besoin de concret et réel pour se construire et il développe un imaginaire basé là-dessus qui peut être très riche. "imaginaire" c'est juste quelque chose d'imaginer, inventer, pas forcément des choses irréelles. Après 6 ans, il sait ce qui est réel ou non et peut accéder à toutes ses histoires en sachant que ce n'est pas réel. Et ça viendra enrichir son imaginaire.
Sur le jeu, MM a élaboré sa pédagogie dans un contexte de classe d'enfants défavorisés, les jeux étaient peu présents à cet époque. En appliquant cette philosophie à l'IEF, évidement que les jeux ne sont pas proscris, ils viennent juste sur des temps différents (que l'enfant peut tout à fait choisir, pour lui jouer ou travailler c'est pareil, même intérêt). Et un enfant à la maison ce sera bien différent que dans une classe donc les choses sont à adapter."


"Je rejoins Anne Solard.

MM ne proscrit pas le travail de l'imagination, ni avant 6 ans ni après.
Elle préconise d'offrir avant 6 ans, la contemplation de la Création, du réel, par laquelle l'enfant va pouvoir construire son imaginaire. Le réel est suffisamment riche, n'est-ce pas ?! Cela rejoint, il me semble, CM (que je ne connais guère. Merci pour cet article fort intéressant !): l'observation de la nature.
Pour moi, cette précaution montessorienne de réserver l'irréel aux plus de 6 ans, est très respectueuse de l'enfant et dans le même temps, profondément chrétienne."


"Merci beaucoup pour ce récapitulatif intéressant.
Il manque toutefois à mon avis un rappel du contexte dans lequel ces pédagogies ont été construites : les familles aisées anglaises pour cm, les faubourgs populaires de Rome pour mm."


Tout d'abord je pense que MM n'interdit et ne proscrit rien ; c'était un esprit suffisamment libre !!! Vos explications sur MM et l'imaginaire, m'apparaissent comme correspondant à sa position sur le sujet. C'est en effet bien comme cela que j'ai compris la pédagogie MM dans ce domaine mais je ne partage pas son analyse, tout simplement. Et Maria Montessori ne rejoint pas Charlotte Mason non plus selon moi.

Je suis bien d'accord qu'il ne faut pas occulter le contexte. C'est un des reproches que je ferai aujourd'hui aux défenseurs acharnés et trop puristes de la pédagogie Montessori et de l'usage du matériel. Ils ont oublié le point de départ : pour quels enfants ? dans quel contexte? 
Lorsqu'on garde ceci à l'esprit, je trouve qu'on relativise bénéfiquement l'utilisation du matériel, les présentations etc...Montessori est devenu un business juteux voilà la réalité...!! 
Elle a su ouvrir une voie formidable, nous faire comprendre le fonctionnement de l'enfant, nous apprendre à le considérer comme une personne.
Mais je sais aussi que dans bien des écoles autrefois, des enfants parvenaient à apprendre et même avec joie! Ils savaient lire à 5 ans, compter, réfléchir et calculer. Pourquoi? Parce que les enseignants faisaient manipuler leurs élèves (boulier, balance, domino, carte, crayon etc...), parce que les élèves étaient confrontés dès 5 ans (âge du CP)aux 4 opérations, à de nombreux problèmes à résoudre. Tout le matériel MM n'est pas indispensable, loin de là. Et, oserais-je le dire? Sa progression ne me parait pas toujours pertinente.
Je constate dans le cadre de l'IEF, que l'enfant n'a pas nécessairement besoin du matériel MM pour comprendre les fractions, le tableau de l'addition et la soustraction l'ennuient, que le tableau de la multiplication demande de trop nombreuses manipulations de toutes petites perles. Si on laisse l'enfant apprendre à la maison de manière assez naturelle, avant 6 ans, il saura de nombreuses choses (ajouter, soustraire, écrire des nombres, compter assez loin, lire de petits mots, écrire des lettres, des mots, dessiner, différencier les couleurs, les formes géométriques, se verser un verre d'eau, se laver les mains etc...) sans utiliser aucun autre matériel que celui de la vie courante et en s'imprégnant de la vie de famille.

Je crois qu'il y a un axe sur lequel on doit travailler en profondeur avant même tout investissement de matériel- car nous avons vu qu'avec des choses simples, on parvient à des manipulations profitables- il s'agit de la POSTURE de l'enseignant/éducateur/parent.



Commentaires

Mathilde D. a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit…
Merci pour ces réponses. Je suis tout à fait d'accord avec vous pour le matériel que vous citez.
Certains matériels sont en revanche tres intéressants à mon avis, souvent pour les plus petits d'ailleurs, mais très cher aussi, c'est bien vrai. Toutefois, il est parfois facile de le trouver dans le commerce non estampillé montessori, et c'est beaucoup moins cher, comme le matériel de vie pratique par exemple.
Anika
Véronique a dit…
Bonjour Laurence
Je trouve que ces 2 grandes dames (MM et CM) nous ont légué une source d'inspiration très riche, comme d'autres...j'y vais puiser, mais sans perdre de vue que la plus belle façon d'enseigner c'est celle qui me correspond, celle qui fonctionne avec mes enfants, celle qui procure du plaisir, celle qui permet à mes enfants de s'élever... et non pas un copié collé d'une pédagogie, aussi efficace soit elle.
Voilà 😀 simple remarque comme ça....
Merci pour tes posts toujours aussi riches😀