Le squelette de la phrase

Je demande souvent aux enfants lors des séances de phrases du jour de faire le squelette de la phrase...mais kezako?

Cette expression poulesque de "squelette de phrase" est né d'un besoin des enfants de langage imagé pour mieux comprendre la grammaire, l'analyse et notamment pour mon "dys". Squelette de la phrase leur a parlé bien davantage que "faire l'analyse de la phrase".

Il est évident que pour pouvoir réaliser un squelette, il faut avoir étudié chaque notion au fur et à mesure en leçon de grammaire. Les phrases du jour s'allongent et se complexifient donc au fil du temps. En CP et début de CE1, point de squelettes, nous avons d'abord à étudier les natures des mots et non leurs fonctions. Cela vient donc ensuite.

Je donne donc une phrase (cette année, il s'agit d'une phrase de la dictée en cours d'étude) et demande à l'enfant d'en faire le squelette dans son cahier d'entrainement de français.

Ce matin, les enfants ont joué longuement dans le jardin.

L'enfant commence toujours pas rechercher le verbe conjugué qu'il place dans un rond rouge au centre, d'où il fait partir une flèche pour le sujet. Il s'agit du binôme incontournable, le premier squelette étudié dans notre classe-maison. Chez les enfants, c'est devenu un automatisme. "Où est l'action?" ou bien plus tard "où est le verbe conjugué?" "qui fait l'action?" ou bien "quel est le sujet?"


Une fois le tandem installé, l'enfant se pose les questions noires c'est à dire  : qui? quoi? (COD), à qui? à quoi? (COI) puis la question marron, à savoir le complément du nom et enfin les questions oranges c'est à dire: où?quand?comment? Nous appelons au poulailler ces compléments: complément de lieu, complément de temps, complément de manière (j'ai volontairement fait disparaître le mot circonstanciel...). Il nous restera à étoffer nos questions oranges avec les compléments de cause, de moyen, de but.

1. Nous traçons une flèche noire sujet au bout de laquelle nous mettons un rectangle noir dans lequel le sujet sera écrit. Pour plus de clarté, les enfants mettent parfois les symboles de nature des mots. Avant je faisais écrire "qui?" sur la la flèche sujet mais cela posait des problèmes aux enfants au moment de l'introduction du COD.
2. Nous faisons partir des flèches dans l'autre sens pour les compléments, noires pour les COD/COI sur lesquelles nous écrivons les questions, oranges pour les compléments circonstanciels. Au bout de ces flèches : des rectangles de la bonne couleur dans lesquels sont écrits les compléments.


3. De manière systématique au début puis régulièrement ensuite, je demande au préalable que les symboles de nature des mots soient placés sur la phrase avant de faire le squelette.
4. Dans le cas d'un complément du nom, une flèche marron part du rectangle concerné.

5. Dans le cas de plusieurs sujets pour un seul verbe, plusieurs flèches noires partent du verbe et le lien entre les rectangles sujets doit être mis en évidence. Ici, la conjonction de coordination est dans un rectangle rose.

A présent que vous avez compris le principe, à vous d'imaginer vos codes couleurs et géométriques !

Commentaires

Marie-Hélène a dit…
Très joli.
Peut-être un petit mot pour rendre à Maria Montessori ce qui lui appartient eût été bienvenu...
J'ai aussi laissé tomber le "circonstanciel" et j'utilise directement les symboles montessori (flèches noires et oranges)

Question : quand introduis-tu le complément du nom ?
pour moi "dans le jardin du voisin" en entier est CCL (mais je suis intéressée par ton éclairage à ce sujet) que
Coucou Clotilde ! Si tu t'en tiens à la grammaire plus ancienne tu analyses les noms et dans ce cas, le nom jardin et le nom voisin n'ont pas la même fonction
jardin : nom commun, masc sg, CL du verbe "ont joué"
voisin : nom commun, masc sg, C du nom "jardin"
Si tu fais une grammaire récente, qui découpe de manière très large et très regroupée, tu n'analyses plus les mots séparément mais tu donnes la fonction de groupes nominaux dans ce cas tu peux dire "le jardin du voisin, C de lieu"
Pour nous, je fais un mix en utilisant des cadres assez larges dans le squelette tout en isolant le complément du nom ou en replaçant les symboles de nature des mots pour des raisons essentiellement orthographique (j'oriente toutes mes leçons et mes choix sur ce qui est utile pour bien écrire) et aussi rédactionnelle (comment enrichir les phrases que j'écris). Par conséquent le complément du nom est une donnée importante pour nous tout comme la nature de chaque mot qui permet de faire les bons choix en orthographe.