Mix ?



A l'évidence, il sera difficile pour moi de "pratiquer" du unschooling pur. On ne se déformate pas comme ça ...et l'épée de Damoclès du contrôle demeure. Je suis cependant acquise à cette forme naturelle d'apprentissage. Je vis donc j'apprends. J'observe en effet que l'être humain apprend toute sa vie et cherche à apprendre toute sa vie. Je reste aussi prudente avec les approches puristes des uns et des autres. Il ne s'agira pour moi, jamais de unschooling pur - trop risqué à mon goût - et parfois éloigné des valeurs que je crois essentielles dans la construction de mes enfants. Mais je trouve mes lectures actuelles très enrichissantes, enthousiasmantes et aussi très apaisantes. A moi ensuite de m'approprier ces analyses et d'en faire une organisation de vie qui me ressemble.

D'aitre part, je ne peux m'empêcher de garder à l'esprit que tout repose sur moi, et qu'en cas de problème, il pourrait me falloir les remettre à l'école, je ne veux donc pas les couper totalement des progressions EN. Je connais leur tempérament et je sais qu'il ne leur serait pas facile de prendre le système en marche sans un bagage scolaire typiquement EN minimal.
Nous n'avons pas encore reçu nos livres de la librairie des écoles, je suis donc un peu bloquée pour démarrer les programmes prévus, et tant mieux, cela me permet de mettre les choses en place différemment et me laisse le temps de réfléchir...

Alors concrètement, comment parvenir à un mix unschooling-homeschooling profitable à tous (comprenez donc que je m'inclus dedans) ? En fait, je serai tentée de dire homeschooling avec unschooling en esprit

1)Tout d'abord cela suppose un changement d'attitude de ma part.  Avant de cultiver la curiosité des enfants et entretenir leur enthousiasme, il faut que je me montre curieuse et enthousiaste en tout ou presque...un petit travail intérieur pour moi...mais ô combien payant !! Les résultats ne se font pas attendre.

2) Cela amène tout naturellement en deuxième point : cultiver la curiosité et entretenir l'enthousiasme des enfants. Mais cela doit il nécessairement se faire sans support formel ou scolaire ? En ayant pris le temps d'y réfléchir, cela ne me parait pas antinomique.


3) Aiguiser mon regard sur les enfants. Affiner mes observations. Pour savoir ce qu'il faut exiger ou non, forcer ou non. Ce qu'il faut stopper ou remettre à plus tard, s'il faut interrompre un jeu ou au contraire le laisser se poursuivre. Me montrer plus souple et plus adaptable dans les temps formels, avec les horaires, l'emploi du temps. S'adapter à chaque enfant, différencier les apprentissages autant que nécessaire.

4) Identifier, décrypter les apprentissages qui se font hors formel voire sans moi. Les noter.

5) Ce qui m'amène au 5ème point : tenir un journal pour savoir où j'en suis.


6) Accorder plus d'importance aux échanges oraux et par là même réduire l'importance et l'enjeu de la trace écrite. A bien y penser, nous exigeons des traces écrites des enfants qu'ils n'utilisent pas. Elles sont là juste pour dire : regardez tout ce qu'il sait. Beaucoup de connaissances se mettent en place à l'oral, au tableau, pendant un jeu, dans la voiture sans qu'il soit nécessaire d'écrire la règle si l'on voit qu'elle est acquise.


7) Faciliter la découverte et s'ouvrir à tous les domaines de façon à ce que les enfants découvrent peu à peu ce vers quoi ils tendent, ce pour quoi ils sont faits: arts, sciences, travaux manuels, sports variés, expression orale ou corporelle etc...


8) Laisser une large place aux activités en extérieur. Lier les apprentissages à la vie quotidienne et au soin des personnes, de sa santé (nutrition, exercices, sommeil etc...). Le grand air, il n'y a rien de mieux!


9) Veiller à la qualité, et à la quantité du sommeil mais aussi à la qualité du réveil


10) Trouver des astuces pour motiver les troupes, rendre les matières ingrates à leurs yeux plus attractives ; car comme me disait un ami " le meilleur moyen de rendre une chose qui ne t'intéresse pas, intéressante,  et bien, c'est de s'y intéresser". C'est tellement vrai ! Vous voyez donc que je n'attends pas forcément que tout vienne uniquement de l'enfant...c'est à dire, que je les connais...! Et j'assume ce côté pas très unschooling!


11) Ne rien lâcher sur les valeurs essentielles à mes yeux : générosité, service, persévérance, intégrité, courage, foi, beau, goût de l'effort et du travail bien fait, cohérence et unité de vie, humilité, etc...


12) Prendre toujours le temps de m'interroger sur les objectifs des activités que je propose ou des exercices que j'impose ou des notions que j'enseigne. Ce que je veux leur faire faire, leur faire trouver, leur faire comprendre a-t-il un sens? Lequel? Pour quelle(s) raison(s) ?


13) Privilégier l'action à la théorie dans les apprentissages. Mettre les enfants en action, faire avant de théoriser, expérimenter, chercher, pratiquer c'est le meilleur moyen d'apprendre.


14) Je trouve du coup que Charlotte Mason et Maria Montessori sont de vraies béquilles. (avec en ce moment un petit faible pour Charlotte Mason)


15) Rester très disponible...je n'ai pas dit esclave...attention...!


16) Me garder du temps pour coudre, lire et cuisiner...non mais !


Les petits changements concrets : plus de jeux de société, jeux tout courts, plus d'activités extérieures, plus de matières d'éveil, plus de variété, de supports, de rencontres, de sorties, (chouette le cahier de voyage va s'étoffer!), plus de dessins (notamment pour illustrer les apprentissages), plus de lectures libres, moins de fixette sur la montre, l'emploi du temps, les progressions, noter au tableau les questions qu'ils se posent dans la journée et qui appellent une recherche (c'est là que je veux les amener à être persévérant : tu vas au bout de ce que tu entreprends), accorder de la place à leurs projets et deux dernières choses de rien du tout qui sont pour moi très importantes et peuvent changer considérablement une atmosphère :

- ne pas rester assis trop longtemps sur une chaise. (saviez vous que l'homme n'est physiquement pas fait pour rester assis plus de 15 minutes d'affilée ? Voilà pourquoi il m'a fallu 3 jours pour arriver au bout de ce billet !)
- faire avec les enfants : j'ai mon carnet de croquis de sciences comme eux, je fais l'art plastique avec eux, j'illustre les poésies, les leçons de catéchisme, j'écris des textes de rédaction et je les lis etc..

Mon emploi du temps de cette année ne me semble pas si mal répondre à tout ceci.


Commentaires

Au petit bonheur a dit…
Merci pour ce partage. Cela me parle aussi pour une classe dite "classique" ! Je suis au milieu du gué, c'est un peu compliqué mais petit a petit des choses se mettent en place. Je viendrai relire régulièrement votre réflexion sur le sujet, ça va m'aider !
Unknown a dit…
Voilà un billet que je vais relire quelques fois , il me donne de l'inspiration...
Domitille
Vic a dit…
Pour m'assurer une "harmonie intérieure" face au contrôle, je m'impose de faire suivre aux enfants des cours très structurés en mathématiques et en français. En plus, je rajoute des éléments ludiques et agréables à travailler pour eux, dans ces deux matières. Pour le reste, tout est au feeling! Nous choisissons ensemble les sujets, périodes ou tout autres matières. Par contre, Florian qui travaille comme ton grand, sa seconde et sa première, est revenu "au scolaire" en parallèle de notre façon de travailler, bac oblige. Je trouve cela dommage, mais notre société ne nous donne pas le choix de faire autrement. Ce n'est pas comme au Canada, où là bas, les portes de l'emploi s'ouvrent plus facilement sans être diplômé dans telle ou telle voie. Ici, ce n'est pas forcément le mérite, l'envie et la pugnacité qui sont récompensés, malheureusement. Pas simple de faire sa petite sauce avec tout ça. Courage, tu as plein d'idées!
Merci Vic pour tes conseils. Tes idées sont excellentes et je te rejoins tout à fait dans ton analyse et les compromis à faire avec le système. Je crois aussi que en tant que parents nous n'avons pas le droit de mettre trop en marge nos enfants. Ils peuvent avoir envie de faire des études longues, passer des concours qui exigent "un niveau" que nous nous devons de leur donner de manière à les rendre libres de faire ce qu'ils souhaitent.
marg a dit…
Beau programme !
Plein d'idées que je vais essayer aussi avec mes enfants... ils vont à l'école seulement le matin donc autant en profiter ! Ca me donne envie de voir les expositions qui peuvent avoir lieu par chez nous tiens... !
Merci !
sab a dit…
Chez nous la vie familiale ayant subit de grands bouleversements, j'ai décidé de profiter davantage du temps que je passe avec mes enfants... Nous maintenons du scolaire pur le matin (en essayant le plus possible de travailler sur des thèmes riches et variés)qui apporte un cadre aux apprentissages, et les après midi sont pour tout le reste (l'informel, les sorties péda, natures,culturelles,sportives...)
Varier les supports, échanger et se réaliser autour d'un sujet sont autant de choses qui permettent de découvrir et d'apprendre "autrement".
Véronique a dit…
Bonjour
Je vous rejoins tout à fait dans ces réflexions Vic et Laurence

Véronique
Anonyme a dit…
Bonjour Laurence j'aime beaucoup votre liste, je vais la noter sur mon carnet d'IEF !!! Et faire avec les enfants est une excellente idée, les rares fois où je le fais - manque de temps avec deux bébés - elles ont toujours beaucoup apprécié ! J'ai lu vos autres articles avec beaucoup d'attention, et je vous souhaite d'arriver à trouver le bon et juste milieu dans cette nouvelle démarche . Bonne semaine à vous tous !
choupinettevie a dit…
Bonjour, vos récentes interrogations m'ont fait sourire, car les mêmes lectures que vous, il y a un an m'ont amenée à réfléchir tout comme vous à ce qui était important en ief....sauf que ma Choupinette n'a pas 6 ans et je ne redoute ni le regard de l'inspecteur, ni les examens prochains (comme ses grands frères et sœurs)....je crois en effet, que cela apporte de la souplesse au quotidien, et surtout dans notre regard d'adulte...j'ai beaucoup aimé aussi "le jeu de peindre" du père d'André Stern, cette idée de pièce spécifique, et de liberté totale de peindre sans progression dans ce domaine... et totalement d'accord avec vous, Montessori est, pour moi, en tout cas, un fil conducteur important qui permet , je le pense, une part d'unschooling, en rebondissant sur les envies des enfants (notamment sur les matières parallèles) et peut-être aussi parce que j'ai eu la chance de m'y former cette année...bonne continuation à vous !
Mes enfants font le Cned , donc apprentissage classique, mais que le matin. L'après midi c'est plutôt unschooling.
Lysalys a dit…
Impression que notre vision de l'IEF se rapproche. :) Ici je ne me pose plus la question d'imposer ou pas puisque les filles sont maintenant assez grandes pour être devenues actrices de leurs apprentissages. Pourtant je me demande régulièrement quel aurait été notre présent d'IEF si cela n'avait pas été le cas. Aujourd'hui je sais seulement qu'imposer un peu (ce qui me semblait important par rapport aux contrôles et par rapport à ce que je voulais leur transmettre) et leur laisser une grande liberté également nous permet d'avoir opté à ce jour pour un libre schooling : rien d'imposé, propositions y compris scolaires en fonction de leurs projets donc.
Bonne journée !
Cécile a dit…
Bonjour ! Ce billet m'enthousiasme beaucoup ; je suis l'heureuse maman d'un petit... moineau de 17 mois (je ne veux pas vous piquer vos poulets héhé) et votre blog est d'une qualité exceptionnelle, merci de partager au monde votre travail. Je me permets de vous demander si vous aviez des conseils à me donner pour bien démarrer, de façon qualitative, une introduction aux apprentissages... le unschooling me parle beaucoup, mais les valeurs et les objectifs (humains et en terme de savoirs) font écho dans mon coeur, et je souhaite connaitre "la base de la base" pour ne pas laisser passer 6 ans et commencer le branle-bas de combat. Merci d'avance !! Cécile