Faire la synthèse, prendre du recul


Fuir le pédagogisme, garder la tête froide, du bon sens et du pragmatisme ... Il était temps de prendre le temps de réfléchir à sa pratique !
Trop peu de professeurs se donnent la peine de remettre en cause leur pratique de classe pourtant s'il est une chose vérifiée à 95% c'est bien celle-ci : quand l'enfant ne comprend pas, quand la séance n'a pas fonctionné, la plupart du temps cela vient de l'éducateur !
Même avec un seul enfant, instruit dans la famille, avant de le mettre en cause LUI, demandez VOUS toujours ce que vous avez "râté" pour qu'il ne comprenne pas, pour qu'il ne s'interesse pas.

Bonne réflexion !

Commentaires

Sab a dit…
Ah, ah, tout à fait d'accord sur bien des points !!!
Après une petite expérience maintenant de l'IEF, je suis en pleine remise en question sur ma pratique et cela est très riche!

Toute doctrine empêche pour moi la réflexion et l'analyse.
Pour enseigner au mieux il me paraît essentiel de s'approprier la matière et de "regarder" qui l'on a en face de soi. L'enfant ne demande qu'à apprendre : à nous de bien l'accompagner !
Marie-Hélène a dit…
Ton billet m'inspire de nombreux commentaires que je vais essayer de synthétiser pas trop longuement.
Tout d'abord, J'adhère pleinement sur ta liste de points à garder.
En ce qui concerne les autres points, il est bon de mettre les choses au clair quand à ce qui appartient à la pédagogie Montessori et ce qui n'en fait pas partie.
- Le jeu. C'est difficile à croire tant qu'on ne l'a pas vu, mais nous avons l'occasion, à l'école, de le constater maintes fois. Du fait de son fonctionnement particulier, les enfants de notre école ont de nombreuses occasions d'être dans les lieux en dehors des temps de travail avec la possibilité de jouer dehors. Mais nous les voyons vite rentrer et prendre des activités. 3-6 comme 6-9! Et nous constatons aussi que ces enfants, quand ils ne travaillent pas, sont extrêmement créatifs. Ils jouent relativement peu mais se concentrent spontanément très longtemps dans des activités de création: dessin, peinture, modelage, bricolages en tous genre, écriture d'histoires, BD, poème, danse, cabanes dans le jardin, recherches sur un sujet....
- Le soi-disant "intégrisme": quand on a eu la possibilité de faire une formation, on a une connaissance approfondie du matériel et notamment du soin apporté à chaque détail. C'est une caractéristique de chaque matériel que tout est soigneusement pensé, en relation avec d'autres matériels, et que les objectifs excèdent largement la manipulation principale. Quand on a pas accès à ces informations, il est tout à fait tentant de passer certaines étapes alors que la formation nous permet de comprendre les raisons profondes de chaque détail. Quant aux couleurs, libre à chacun de changer les couleurs hiérarchiques ou d'avoir des perles aux couleurs Cuisenaire! Mais alors il faudra fabriquer l'intégralité de son matériel car il ne sera pas possible ensuite d'acheter sur un site. Pour la communauté des écoles Montessoriennes, le fait que le matériel ait une couleur qui ne varie pas permet à un enfant de changer d'école sans avoir à se réadapter à de nouvelles couleurs.
J'ajoute aussi que je trouve que la volonté de certains de vouloir avoir du matériel de couleur différente tient plus d'une posture systématique de refus de se conformer à quelque chose d'existant que d'une réflexion cohérente. Quand on sait tout le temps nécessaire à fabriquer le matériel, je trouve que c'est se compliquer la vie pour pas grand chose de toujours vouloir contester les choix de couleurs ( c'est un positionnement quasi idéologique chez certaines...)
- La totale liberté n'est pas une notion montessorienne. Il faut bien relire Maria Montessori sur ce point. Chez elle, liberté est toujours associé à discipline. Elle se donne graduellement et seulement à l'enfant qui en est capable. Et l'enfant de plus de 6 ans n'a de toute façon pas la liberté de ne pas travailler ;-)
Marie-Hélène a dit…
La suite:

- Le savoir catalogue: je partage entièrement ton point de vue sur ce que l'on trouve sur les sites, notamment ceux de vente! Il n'est absolument pas dans la pédagogie Montessori de multiplier les documents papiers de ce type. En dehors de images classifiées qui servent à la lecture et ne doivent pas se surmultiplier, il existe 6 grandes nomenclatures (zoologie, botanique, géométrie, géographie, histoire et anatomie). Elles sont principalement destinées aux 6-12 ans (les 2 premières se commencent en 3-6) et il faut bien comprendre que chaque pochette représente l'abstraction d'une leçon qui a été donnée concrètement à l'enfant. L'enfant ne découvre pas les notions dans la nomenclature, il finit de les mémoriser avec elle avant de passer éventuellement à un travail personnel avec ces notions.
De plus, comme tu le soulignes, le matériel n'a pas à être exhaustif en classe de 6-12 ans. C'est un point très important de la pédagogie: il ne faut surtout pas que l'enfant trouve toutes les réponses dans le matériel ou auprès de son éducatrice. Nous ne semons que des graines de savoir et l'enfant cherche ensuite les réponses à ses questions. Pour cela, il utilise les livres, mais il est aussi incité à sortir pour rencontrer des spécialistes, visiter des musées et à organiser lui-même toute sa sortie, ce qui qui constitue ce que maria Montessori appelle l'apprentissage social.
De plus, il faut insister sur le fait que tous ces livrets présentent le savoir sous forme saucissonnée alors que toute la pédagogie Montessori est bâtie sur l'enseignement de la globalité et de la relation entre tous les éléments de l'Univers. Mais ces objets présentent l'avantage d'attirer le chaland qui ne connaît pas bien la pédagogie, c'est facile à fabriquer et ça se vend très bien sur le net! Il suffit de multiplier l'offre pour multiplier le bénéfice et comme l'offre finit par créer la demande...
Marie-Hélène a dit…
Et la fin:

-le laxisme: comme la liberté totale, il ne fait pas partie de Montessori. Il n'est pas question de se contenter de ce qu'on sait faire. Nous inculquons au contraire le goût de l'effort, de la responsabilité et du travail bien fait. Pas question de ne pas terminer ce qu'on a commencé. Et pas question non plus qu'un enfant qui n'a pas de difficulté n'ait pas au moins le niveau de sa classe d'âge.
- L'adaptation à l'enfant: elle est le fer de lance de la pédagogie! Mais il s'agit de s'adapter à ce que l'enfant est vraiment, pas à des manifestations extérieures qui viennent du fait que l'enfant n'a pas pu combler son véritable besoin intérieur (les fameuses déviations). Plutôt que de zapper un matériel parce qu'un enfant n'est pas suffisamment patient pour y arriver, nous allons mettre en place des activités pour permettre à l'enfant d'acquérir la patience suffisante. Il nous faut faire la différence entre ce qui relève du handicap ou d'une structure profonde de personnalité et ce qui relève d'un comportement acquis qui pourrait parfaitement se modifier à peu de frais et permettre à l'enfant de travailler plus sereinement.
Enfin, je voudrais terminer sur une remarque très importante à l'attention de Sab: Montessori n'est pas une doctrine, au sens d'un "prêt-à-penser", "prêt-à-enseigner" fermé et figé. L'observation de l'enfant est la capacité la plus importante que l'on demande à une éducatrice et il s'agit de quelque chose de bien plus fin que d'une évaluation du niveau de l'enfant. Il s'agit d'être capable de repérer le besoin réel de l'enfant dans sa manière de travailler pour lui proposer ce qui correspond à son niveau de développement. C'est pour moi la partie la plus exaltante de mon travail!
Mais il est vrai qu'internet est à la fois très riche et très réducteur. Les informations sur Montessori sont de plus en plus accessibles mais on y trouve de tout. Et surtout, c'est une pédagogie tellement riche qu'il est difficile de s'en faire une idée juste par la seule consultation des sites. Certains s'en font même une idée totalement erronée, notamment sur le 6-12 ans.
Je suis très contente Marie-Hélène de te croiser par ici! Cela me fait bien plaisir de te relire ...!
en fin de compte, nous sommes tout à fait d'accord car si tu as bien lu mon post, tu noteras que j'épingle non pas la pédagogie Montessori que j'aime tant mais les dérives et les interprétations qui lui font du tort et je refuse de donner dans ces "déviances".
Je te rejoins également sur la qualité du matériel, son exactitude et son efficacité prouvé. Je te rejoins aussi quand tu dis que chaque étape est utile.Cependant je voulais insister sur la cohérence des choix que l'on fait qui me parait primordiale.Et je suis bien d'accord que changer des couleurs est bien se compliquer la vie ! Je respecte d'ailleurs le matériel tel qu'il est proposé et je le fabrique moi même avec bcp de soin !
Je sais très bien ce MM a dit au sujet du libre choix de l'enfant et de la conduite à tenir quant à la persévérance et au sens de l'effort.J'approuve tout à fait ce que tu dis et je te remercie d'avoir été aussi complète, cela va en aider plus d'un ! Je déplore l'interprétation qui en a été faite et qui dévoie l'ensemble !
en réalité je m'aperçois que le titre de mon post et sa présentation ne reflète pas bien ce que je voulais exprimer, je vais changer ça tout de suite !
Quant au jeu, la nuance vient, je pense du fait que mes enfants sont scolarisé à la maison et que du même coup, il n'y a pas deux vies parallèles ...cependant, il n'y a pas de jouets dans notre classe, les enfants dissocient tout à fait les temps de classe (donc d'apprentissage) et les temps libres, et les jeux de société sont prévus sur des temps bien précis dans l'emploi du temps. J'observe, il est vrai, que les enfants passent bcp de temps libres dans la classe et pour y travailler tout seuls ! Essentiellement pour avancer des projets qu'ils ont initiés. Nous n'avons que très peu de jouets dans la maison,et surtout pas dans la classe!
Je te remercie vraiment pour ces précisions et je vais modifier un peu mon post pour qu'il reflète mieux ma pensée !
Marie-Hélène a dit…
Oui, j'avis bien lu la nuance et mon propos visait plus à bien séparer, dans ce que tu pointais, ce qui en fait, est un dévoiement de la pédagogie. Car cela me heurte toujours d'entendre (ou de lire) attribuer à la pédagogie Montessori des choses qui n'en font pas partie voire qui lui sont opposées ;-)
J'étais bien consciente que sur le fond, nous sommes généralement d'accord et je n'ai peut-être suffisamment insité dans mon commentaire sur le fait que je tenais juste à abonder dans le sens de ton propos qui précise bien que la majorité des choses que tu ne gardes pas sont en fait des déviations.
Bonne continuation à toi.
Comme j'ai dissocié finalement le billet initial en deux billets.Les commentaires ici seraient à mettre davantage en lien avec le billet suivant intitulé "déviances"
katioucha a dit…
Merci à vous deux, Laurence et Marie-Hélène, d'avoir consacré du temps à rappeler tout cela, c'est précieux !
Cissou a dit…
Ouah dis donc, ça c'est de la réflexion ! C'est intéressant de pointer du doigt les déviances, qui sont très éloignées de Montessori. Notamment, bien comprendre qu'entre 3-6 et 6-12, on n'a plus les mêmes enfants en face de nous !! La pédagogie s'adapte donc à l'enfant et à son évolution...
Merci donc pour cette petite piqûre de rappel.

Et clin d'oeil : j'espère ne jamais "entrer en religion" comme ceux que tu épingles sont "entrés en Montessori" !!! ;-D
Rassure toi Cissou ! Tout comme j'espère veiller à ne pas faire partie de ceux-là non plus !
Je reçois tant de profils d'enfants différents et pour qui je me dis que Montessori bien conduit et surtout tôt aurait évité bien des difficultés ....!